Je n’ose imaginer la violence liberticide que représenterait pour nombre d’entre nous un nouveau confinement (il est déjà, pourtant, dans plusieurs régions, la triste réalité de week-ends sans promenades). L’an passé, le « premier confinement » a suivi immédiatement, pour moi et ma famille, quatre longs mois de grisaille imposée derrière les bâches de notre immeuble en ravallement. Autant vous dire que la notion de confinement m’évoque non seulement un manque d’air mais aussi un manque de lumière…

Il y a quelques jours, pour contribuer à ma chronique mensuelle, intitulée La citation déco-littéraire du samedi, sur la page Facebook de À tous les étages, l’aînée de mes filles m’a envoyé cette belle citation que j’ai trouvée très inspirante. Elle m’a donné envie de vous parler de fenêtres !

           » Je dispose de deux fenêtres. L’une est ouverte sur le sud, l’autre sur l’est. Dans l’enchâssure de la seconde, on distingue les crêtes enneigées de la Bouriatie, à cent kilomètres. Par la première, derrière les branchages d’un pin couché, je suis du regard la courbe de la baie incurvée vers le sud.

          Ma table, collée à la fenêtre de l’est, en occupe toute la largeur, à la mode russe. Les slaves peuvent rester des heures assis à regarder perler les carreaux. Parfois, ils se lèvent, envahissent un pays, font une révolution puis retournent rêver devant leurs fenêtres, dans des pièces surchauffées. L’hiver, ils sirotent le thé interminablement, pas trop pressés de sortir. »

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie, Gallimard, 2010

Vous pouvez retrouver toutes les citations déco-littéraires du samedi ici :

#citationdécolittéraire

Il n’y a rien dans la maison, aucune oeuvre d’art, qui puisse rivaliser avec une fenêtre ouverte sur la nature. La fenêtre est un tableau, un souffle d’air, une évasion. Même si elle n’est que petite lucarne, c’est une percée vers l’extérieur, une respiration bienvenue. Je vous l’écrivais dans « C’est quoi une déco moche ? », il n’y a pas de meilleur goût que le vôtre, mais la beauté réside dans l’harmonie, la personnalité et la vue sur l’extérieur (quand je parle de vue, je pense à celle qui s’admire, mais aussi à celle qui se sent, à celle qui s’entend). Je vous l’écris à nouveau : si vous avez près de vous ne serait-ce qu’un arbre, redites-vous chaque jour que la fenêtre qui le laisse voir est la plus belle pièce de décoration de votre maison ! Et n’hésitez pas à vous  inventer un espace extérieur ! La fenêtre : une oeuvre d’art. On pourrait même en faire des alexandrins !

Technicien : moi, Monsieur, si j’avais les moyens, | je changerai dare-dare pour du triple vitrage.| Paresseux : c’est peu chic mais c’est pratique, ah mais, | que dis-je pratique… le plastique c’est fantastique ! | Rustique : quelques journaux à la place de carreaux. | Ecologiste : le bois, c’est la valeur sûre ! | Ecologiste nouvelle vague : oui mais un arbre | ne souffre-t-il pas sous la scie du bûcheron? | Patrimonial : en anse de panier, ou bien | à croisée, à meneaux, ou encore en plein cintre… | Commercial (et bonimenteur) : Alors, on va | partir sur un produit d’ouverture performant… Simplement poétique : à travers les carreaux, | scintille la rosée et bruissent les feuillages.

 

Par la fenêtre de la cuisine, un petit bout de campagne tout près de Paris : dessin d’un projet de rénovation de cuisine chez des clients (2016) / Mon petit chez moi : J’habite en location mais…

Une fenêtre sur le passé : Bienvenue dans une « fabulous medieval house in Montclus »

La vue imprenable par les fenêtres de toit des combles : Aménagement de combles en Normandie (réalisation 2019)

 

Les fenêtres dans les tableaux d’intérieur : comme un tableau dans le tableau ! 2 exemples parmi tant d’autres à retrouver sur Pinterest/À tous les étages

C’est quoi une déco moche ?… L’absence de vue Un joli contre-exemple : photo du château de Villiers-le-Mahieu

          « Tout le premier étage est un espace pour dormir, pour refaire des forces, mais pas seulement. C’est aussi un lieu pour voir. À chaque chambre, à chaque fenêtre son point de vue. Le point de vue sur le dehors est un point de vue privé, un point de vue de famille, presque une opinion : celle des Leygonie sur le village de Cavagnac et le paysage qui l’entoure. […]

          Celle des parents a deux fenêtres. La première (à gauche en entrant) s’ouvre sur un paysage de pierre […]. Ouvrir la fenêtre de préférence au soleil levant, au moment où toute cette pierre resplendit, pour une leçon de géométrie villageoise. Une leçon de cubisme : ce qui s’encadre dans la fenêtre aurait tapé dans l’œil de Cézanne (au peintre de Gardanne, de La Maison du pendu), il en aurait fait un tableau. »

Alain LEYGONIE, La Maison, éditions Privat, 2012

NB 1 : Je suis une amoureuse de la nature, mais il y a aussi de très belles vues sur la ville !

NB 2 : Si vous vous attendiez ici à trouver des conseils pratiques/techniques sur le choix et la pose de fenêtres, c’est raté ! Ce sera pour une autre fois. Aujourd’hui, j’avais plutôt l’esprit vagabond…

Des articles à lire ou à relire :

Des images pour s’évader :

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