L’exposition temporaire du Musée des années 30 de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) est encore ouverte pour un mois. Il est temps de vous donner l’envie d’y passer quelques heures de bonheur, embarqués sur l’un des plus luxueux paquebots français du début du XXe siècle : le paquebot « Île de France ». J’avais aimé en 2011 l’exposition « Paquebot France » au Musée de la Marine (l’article est un peu indigent, à la fois parce que les photos étaient interdites et parce que ce blog n’en était qu’à ses balbutiements). Je me suis régalée avec cette exceptionnelle présentation d’un monde aujourd’hui oublié : une ville flottante où se cotoient sans vraiment se croiser les personnages les plus divers de la population, ceux qui fuient et ceux qui flânent, ceux qui vadrouillent et ceux qui valsent, dans les décors ennivrants des années folles.
Catalogue de l’exposition « L’Art déco, un art de vivre »
Mis en service en 1927, le paquebot « Île de France » est le symbole de l’art de vivre à la française. Par ses décors et par son mobilier, il concentre tous les codes du style décoratif de l’époque : l’Art déco (Ne pas confondre avec l’Art nouveau, merci !) Son voyage inaugural eut lieu le 22 juin 1927 entre Le Havre et New-York. Le luxe et la modernité des équipements est difficile à imaginer tant qu’on n’a pas visité l’exposition. L’intérêt de la présentation est de proposer autant de mobilier et accessoires d’époque que de visuels utiles à la représentation globale, comme les gigantesques photos des pièces d’apparat. J’ai évidemment posé un oeil attentif sur tous les travaux préparatoires à ce chef d’oeuvre Art déco : dessins, esquisses, plans, tissus… Pour ceux qui (par hasard sur ce blog) ne s’intéressent pas à la déco, l’expo vaut aussi le détour pour tous les documents d’époque, affiches ou gadgets, les maquettes et un magnifique écorché du paquebot, où l’on peut admirer en détails toutes les cabines, les salles de restauration, de repos ou de spectacle, la machinerie, etc. J’espère vous donner, par les photos qui suivent, un avant goût de voyage en 1ère classe (puisque c’est surtout de celle-ci dont il est question : argenterie Christofle, menus délectables, mobilier des plus grands décorateurs de l’époque, loisirs à profusion…).
Embarquement immédiat pour les années folles !
Le salon-fumoir de la classe tourisme, avec ses fauteuils de velours carmin | Une étude fleurie pour un motif sur velours.
Deux études pour les tapisseries du grand salon, en hommage à Paris | Le grand salon de 1ère classe avec ses fauteuils médaillons laqués noirs recouverts de tapisseries de feuillages | Projet pour un décor de glace gravée de motifs floraux.
Esquisse pour le salon de thé | Le salon de thé avec ses chaises gondole et ses fauteuils en frêne, bronze doré et velours signés Jacques-Emile Ruhlmann (1927).
La salle à manger de 1ère classe ; fauteuil signé Pierre Patou, Maison Brunet-Meunier (1927) | Couverture d’un menu de la classe tourisme.
Le salon-fumoir de la classe cabine avec ses grands lustres de verre qui se reflètent dans un mur de miroirs gravés pour doubler l’impression de volume.
Projet de salon de lecture et de correspondance pour la 1ère classe.
Projet de descente vers le hall.
« En 1927, Île de France compte 261 cabines pour 1550 passagers. Neuf sont des appartements de luxe avec une chambre, une salle de bain et un salon. La grande suite de luxe est dotée de deux chambres supplémentaires, d’une salle de bain, d’une salle à manger et d’une chambre de service. Contrairement aux cabines, exécutées en série, ces suites sont des créations uniques aux noms évocateurs de la région marraine : Fontainebleau, Chantilly, Beauvais, Senlis, Saint-Germain, Versailles, Noyon ou encore Compiègne. Hygiène, fonctionnalité, confort, intimité, dépaysement sont les maîtres-mots de l’aménagement. Armoire-bibliothèque, lit-divan escamotable ou commode-coiffeuse : le mobilier, fixé au plancher par des ridoirs, doit optimiser l’espace et répondre aux contraintes d’un voyage en mer. L’éclairage indirect est privilégié. » Extrait du panneau explicatif de l’exposition, Musée des années 30.
Présentation d’une cabine | Salon de la grande suite de luxe
La mort d’un géant :
Le paquebot « Île de France » a participé à la Seconde guerre mondiale pour le transport des troupes et pris part à plusieurs sauvetages en mer dans les années 50, ce qui lui vaudra le surnom de « Saint Bernard des mers ». Triste fin pour ce fleuron de la Compagnie générale transatlantique : vendu en 1958 à un casseur japonais, il sera sabordé en 1960 pour les besoins du tournage du film américain « Panique à bord » dont il servit de décor.
L’Île de France sur une affiche de la CGT (Compagnie Générale Transaltantique)-French Lines, Paris-New-York
Venir à l’exposition :
- Musée des années 30 : Espace Paul Landowski 28 avenue André Morizet 92100 BOULOGNE-BILLANCOURT
- Horaires : de 11h à 18h, du mardi au dimanche, jusqu’au 10 février 2020.
- Tarifs : 7 € ; 5 €. (Entrée gratuite pour les moins de 26 ans, et pour tous le 1er dimanche du mois).
- Visite guidée de l’exposition tous les dimanches à 14h30 (sauf les premiers dimanches du mois). Durée : 1h30. Tarif : 8 €. Sans réservation, dans la limite des places disponibles.
- Cycle de conférences à la médiathèque Landowski (durée : 1h30. Gratuit, sans réservation) :
- Samedi 11 janvier à 14h30 : Les loisirs à bord des paquebots, par Dorian Dallongeville.
- Samedi 18 janvier à 19h30 : Marcel Pagnol, voyageur sur Île-de-France. Un « Apéro littéraire » proposé à l’occasion de la Nuit de la Lecture.
- Jeudi 30 janvier à 19h : La construction d’Île-de-France, par Tiphaine Yvon, responsable du pôle patrimoine à Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée
« La Vigie à bâbord avant », gouache de Mathurin Méheut (vers 1930)
Laisser un commentaire