Le saviez-vous ? Il existe 2 musées Rodin. Celui de Paris bien sûr (rue de Varenne), mais aussi celui installé dans la villégiature de « campagne » du sculpteur, à quelques petits kilomètres de la capitale. Jour de fin d’été sur les hauteurs de Meudon : découverte de la Villa des Brillants.
Vue sur la Seine et sur les rives de Boulogne depuis le jardin de la Villa des Brillants. La silhouette, massive et blanche, du porche à colonnes de la galerie des plâtres se découpe sur la verdure ; celle de la statue en bronze du Penseur (vue de profil) semble dominer le paysage.
La Villa des Brillants
Accolé à la petite villa où Auguste Rodin trouvait calme et inspiration, l’atelier présente au visiteur des oeuvres remarquables, mais la mise en scène tient plus de la salle d’exposition que de la salle de travail. On peine à s’y représenter ici Rodin et son burin ; le contraste avec le caractère intimiste de la maison elle-même n’en est que plus grand.
L’atelier du sculpteur, éclairé généreusement par une grande baie vitrée latérale. Les sculptures grandeur nature y cotoient des miniatures ou des fragments d’antiquités disposés dans de grandes vitrines.
L’atelier, peu esthétique vue de l’extérieur, forme une excroissance sur le pignon de la maison.
La villa, de style Louis XIII en briques et pierres, est étonnamment étroite. La belle véranda qui éclaire l’atelier fait plus que doubler la largeur de la façade.
L’étroite maison, achetée aux enchères par Rodin en 1895, ne dispose que de deux pièces en rez de chaussée : un minuscule petit salon et une grande salle à manger en enfilade. Le salon, encombré d’une table et d’un grand buffet, est décoré au goût du XIXe siècle, de boiseries vert d’eau et papier peint rayé assorti, qui mettent en valeur la cheminée de marbre blanc. La table ronde en son centre le fait davantage ressembler à un cabinet de travail qu’à un lieu de détente confortable : c’est ici qu’Auguste Rodin reçut nombre d’artistes et d’hommes d’influence, inspirateurs ou commanditaires. Dans la salle à manger, largement ouverte sur le jardin, le couvert est dressé avec raffinement sur une simple table à tréteaux. Porcelaine et cristal se partagent la nappe avec sculptures et poteries, mêlant harmonieusement les deux facettes de la villa : lieu de réception et creuset de créativité. Ici se cotoyèrent le poète Rainer Maria Rilke, secrétaire personnel de Rodin et la géniale Camille Claudel, muse inspiratrice et amante du maître.
Les boiseries de la salle à manger sont peintes de 2 tons de vert pâle qui soulignent les moulures*.
Gros plan sur les verreries qui projettent des ombres ciserées sur la nappe immaculée, et vue de la salle de repas depuis le petit salon.
*Petit repère déco : le rechampis
Au XVIIIe siècle, les boiseries sont rechampies, c’est-à-dire décorées d’un filet décoratif de peinture. Le rechampis (ou réchampis) a pour but de faire ressortir les ornements en relief du fond sur lequel ils sont peints, soit en en marquant les contours, soit en les peignant d’une couleur différente de celle du fond. La plupart du temps, on utilise 2 nuances d’une même couleur. Sur des boiseries simples, c’est souvent la baguette de pourtour des panneaux qui est peinte d’une teinte plus foncée. En réalité, à moins de vouloir créer des contrastes de couleurs forts, cette habitude ne se justifie pas : le relief des moulures suffit à lui seul à créer une différence de couleur, par le jeu des ombres portées ; le rechampis en 2 nuances très proches n’apporte souvent rien à la décoration. Enfin, c’est mon avis personnel ! J’aime le jeu des ombres sur les moulures dans les pièces ensoleillées ! Si vous en avez chez vous, prenez-les en photo, vous verrez que c’est aussi bien en noir et blanc qu’en couleurs. Mon conseil : soit on peint le fond et les moulures d’une même couleur et le relief de la moulure suffit à créer un élément décoratif, soit on veut mettre 2 couleurs différentes et il faut choisir des couleurs bien contrastées. Le rechampis est en outre plutôt démodé : pour moderniser, il vaut mieux utiliser de grands aplats de couleur, c’est-à-dire déterminer les parties à peindre sans tenir compte des cloisonnements dessinés par les moulures. Je modère ici mon propos en prenant en exemple les boiseries de la Villa des Brillants : le rechampis y est appliqué de façon très contemporaine tout en employant 2 nuances de vert d’eau très proches ; au lieu de peindre panneau de fond et panneaux rectangulaires en clair et baguettes d’encadrement en foncé, on a peint le fond en foncé et les rectangles avec baguettes en clair. Le résultat est sobre et élégant.
La salle des plâtres
Auguste Rodin est né à Paris en 1840 et mort dans sa maison de Meudon en 1917. Sa tombe et celle de sa femme Rose Beuret sont surplombées par la statue du Penseur (modelage original 1880, premier moulage en bronze 1902), en contrebas du jardin. A côté, une immense salle baignée de lumière présente le travail du sculpteur sous la forme de plâtres, épreuves préparatives aux sculptures sur marbre ou aux statues de bronze. Ce musée édifié en 1931 sur les plans de l’architecte Henri Favier, a été ouvert au public en 1948. On y trouve les études de monuments célèbres, notamment à la glore funéraire d’illustres écrivains tels Balzac ou Hugo. Les plâtres permettent de comprendre et d’admirer les différentes étapes de création d’une oeuvre ; ils sont aussi un merveilleux hommage à la beauté du corps humain et du mouvement.
La grande salle des plâtres, toute blanche à l’exception de bandes de carrelage noir au sol, me fait penser par sa disposition et son volume au musée de la Piscine de Roubaix.
L’éternelle idole (1889) – Le baiser (1890) – La vague (1900)
La galerie des plâtres. Au centre de la photo, le plâtre du monument hommage à Victor Hugo dont le bronze est au jardin (1909).
Infos pratiques : Musée Rodin de Meudon – 19, avenue Auguste Rodin – 92190 MEUDON. Ouvert toute l’année les vendredis, samedis et dimanches de 13h à 18h. Une jolie promenade aux portes de Paris, pour s’émerveiller pendant une petite heure et se promener dans le joli jardin : parfait pour une sortie en famille ! Entrée 5€.
La véranda toute blanche s’ouvre sur l’escalier de la villa.
A l’entrée de la propriété, le monument à Victor Hugo, en bronze, dégage une impressionnante puissance de mouvement. Les bras, en suivant la courbe des branches, se confondent avec la ramure de l’arbre qu’il cotoie.
NB pour les nouveaux lecteurs qui s’étonneraient du descriptif important des légendes : afin que ce blog soit accessible aux malvoyants et aux aveugles (lire ici l’article « La déco pour les aveugles »), je m’efforce de légender avec précision les illustrations. Cette gymnastique paraîtra peut-être un peu fastidieuse aux voyants mais j’espère surtout qu’elle leur permettra aussi de découvrir les photos sous un autre « angle de vue ».
C’est un lieu méconnu pour les parisiens mais bien connu des Isséens. Lieu magnifique, paix et tranquillité sont au rendez- vous. À visiter absolument.
Je ne connaissais pas du tout ce lieu. Merci de nous le faire découvrir par ce billet très documenté. Cela me donne une belle idée de visite ! Bises Marie*