Jusqu’au 10 mars 2014, le (presque) tout nouveau musée du Louvre Lens, nous offre une exceptionnelle expo temporaire, à ne rater sous aucun prétexte ! Dans ce cadre ultra moderne et dépouillé à l’extrême, les 5 parallélépipèdes blancs posés au milieu de nulle part, au pays des terrils et des champs de betteraves, recèlent de vraies merveilles archéologiques. Si vous êtes las des files d’attentes interminables dans les courants d’air du Grand Palais ou de la pyramide du (vrai) Louvre, v’nez don dins ch’Nord ! Ici, on profite de trésors insoupçonnés à l’écart de la foule ! Je n’ai eu aucun mal à prendre ces photos qui vous donneront une idée de la faible densité de fréquentation…
Des cartes du monde méditerranéen décorent élégamment les murs
L’exposition Les étrusques et la Méditerranée – la cité de Cerveteri- présente dans un parcours chronologique les objets découverts à Cerveteri (Caere), l’une des 12 cités étrusques, des premières fouilles du XIXe siècle (à partir de 1820) jusqu’aux récentes découvertes archéologiques. Le territoire de l’Étrurie correspond géographiquement à celui de l’actuelle Toscane, au Nord de l’Italie. La civilisation étrusque s’étend sur près d’un millénaire avant notre ère et atteint son apogée entre le 7e et le 4e siècle av J-C (soumise dès 265, l’Étrurie devient province romaine en 40 av J-C). Comme Rome, Delphes et Athènes, Cerveteri est l’une des grandes métropoles du monde méditerranéen antique. Elle nous révèle ici ses trésors.
Les volumes impressionnants permettent une présentation où simplicité rime avec fluidité et science avec transparence. Les vitrines, esthétiques et graphiques, sont largement ouvertes pour découvrir toutes les facettes des pièces exposées. Une mise en scène soignée qui met en valeur les richesses d’une civilisation étonnante : vases décorés de poignées d’or et de bronze, masques et visages de terre cuite particulièrement expressifs, bijoux minutieusement ciselés, saisissants mors de bronze, fresques de cavaliers… Délicates boucles d’oreilles ou imposants sarcophages, la présentation des objets permet toujours d’en saisir la beauté (et les cartels explicatifs sont lisibles et à bonne hauteur, ce qui est suffisamment rare pour être souligné !).
Encore une bien jolie carte géographique pour situer les relations entre étrusques, romains et grecs (belle idée décorative pour décorer intelligemment un pan de mur)
Un magnifique bracelet en or (technique du repoussé) provenant de la tombe Regolini-Galassi (675-660 avant J-C) entouré de 2 antéfixes (éléments architecturaux en terre cuite peinte, 2nde moitié du 4e siècle av J-C)
Les colonnes et le fronton d’un temple du 7e siècle avant J-C, simplement reconstitués en carton alvéolé, donnent une assise temporelle aux œuvres qui l’entourent. La technique de construction en carton a été également utilisée pour reconstituer la forme d’un tumulus (tombe à puits, 9e siècle av J-C) qui abrite la projection d’un film sur la découverte des nécropoles de Cerveteri.
Qu’elle soit utilisée pour les vases funéraires ou alimentaires de toutes tailles (sculptés ou peints), les amphores (comme ce groupe de 9 amphores du 5e siècle av J-C) ou les sculptures décoratives dont la finesse laisse bouche bée, la terre cuite est sans conteste le matériau le plus présent dans cette exposition. Le large spectre de ses utilisations témoigne d’un savoir-faire artisanal et artistique prodigieux.
9 des 1000 amphores à transport du vin (5e siècle av J-C), découvertes en 1998 dans l’épave du Grand Ribaud au large de la presqu’île de Giens, contrastent avec les poteries fines de la même époque (au mur, plan de la nécropole de Cerveteri).
Recto et verso du « sarcophage de époux », l’une des pièces maitresses de l’exposition : ce monument funéraire en terre cuite représente en taille réelle les époux sur le lit de banquet (630-620 av J-C)
Après un relatif déclin au 5e siècle, la cité de Cerveteri connait au 4e siècle une nouvelle prospérité liée aux échanges politiques et économiques avec Rome et la Grèce ; le prestige de l’Etrurie s’effondrera devant la puissance d’expansion romaine, au début du 3e siècle av J-C.
Le « sarcophage du magistrat », en travertin, est le plus ancien des 4 sarcophages découverts dans la « tombe des sarcophages » (2nde moitié du 4e siècle av J-C), organisée selon le modèle des tombes des grandes familles de Tarente (influente cité grecque d’Italie du Sud).
Exposition « les étrusques et la Méditerranée – La cité de Cerveteri
Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h , jusqu’au 10 mars 2014 ; plein tarif 9€, tarif réduit 8€ ; la grande galerie du Louvre Lens et le Pavillon de verre sont gratuits jusqu’à la fin de l’année 2014
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Ah c’est donc ici qu’elles ont échoué les amphores du Ribaud? 😉 (facile je n’habite pas loin de Giens)
Ca a l’air d’être une très belle et passionnante expo, très aérée et lumineuse. Dommage pour moi, c’est vraiment trop loin!
A voir et revoir, beauté des objets, merveille des amphores, amitié, Martine
Quel dommage d’habiter si loin, je me souviens de l’exposition qui mettait en rapport l’art étrusque et Giacometti, à la pinacothèque, c’était magique. Merci d’abolir la distance.
j’avais vu l’affiche ce matin en mairie et m’étais dit que j’irais bien cet am. ouf heureusement que j’ai lu ton billet jusqu’au bout : on est mardi!
Non seulement l’exposition est somptueuse, mais le lieu parait tellement exceptionnel, que même vide, la visite s’impose !! J’espère bientôt…